Quelques contrevérités à démontrer.
1.L'argument fallacieux des prix :
• Dire que la vente du médicament en supermarché permettrait de faire baisser les prix des médicaments de 25 % est fallacieux. On a constaté l'inverse dans plusieurs pays européens, en particulier en Norvège et au Portugal. En France, prenez l'exemple des laits maternels, qui sont aujourd'hui moins chers en pharmacie qu'en supermarché.
• La comparaison entre les prix des médicaments dans les supermarchés et dans les officines n'est pas pertinente, car les supermarchés n'offriraient qu'une gamme très limitée de produits. C'est ce qu'on observe en Italie : ils ne proposent que 15 à 20 % des médicaments non soumis à prescription disponibles en officine.
• De toute façon, le changement demandé par M.-E. Leclerc n'aurait qu'un impact infime sur le budget des ménages : les Français ne consacrent en moyenne que 30 € par an à cette catégorie de médicaments.
• La composition du prix du médicament
Lorsqu'un médicament est déremboursé, son prix n'est plus réglementé par l'assurance maladie: les fabricants et tous les acteurs du circuit pharmaceutique retrouvent une totale liberté. L'ensemble de ces acteurs (industriels, grossistes, pharmaciens et État) ont contribué aux augmentations observées des prix de certains médicaments.
Ainsi, par exemple, dès qu'un médicament est déremboursé, l'État lui applique une TVA à 5,5 %, contre 2,1 % aux médicaments remboursables.
• Cette situation va changer, sans qu’il y ait besoin de M.-E. Leclerc : les industriels et les officinaux se sont engagés à une maîtrise des prix en signant, le 30 mars 2008, un accord de bonnes pratiques sur les prix des médicaments non remboursables.
2. Le faux argument de l'accessibilité:
• M. Leclerc affirme faire campagne « pour une meilleure accessibilité des Français aux médicaments du quotidien ». Comment peut-il y prétendre, alors qu'il ne dispose que de 110 points de vente de parapharmacie en France, contre 23000 officines réparties harmonieusement sur le territoire et 55000 pharmaciens? Chaque Français, où qu'il vive, a ainsi accès à une officine à moins de 5 minutes, en moyenne, de chez lui. Par ailleurs, les médicaments sont accessibles en pharmacie de jour comme de nuit, sept jours sur sept, grâce au service de garde.
• Combien de stations d'essence ont disparu, depuis qu' Edouard Leclerc a obtenu, en 1985, de vendre du carburant ? En 20 ans, leur nombre a été divisé par trois, passant de 40000 à 13500. Il faut, souvent, faire de nombreux kilomètres aujourd'hui pour en trouver. Veut-on la même chose pour les pharmacies ?
• Enfin, 226 médicaments délivrés sans ordonnance seront prochainement directement accessibles par les patients dans les officines qui le souhaiteront, sans pour autant les priver du conseil éclairé de leur pharmacien, et de la sécurité du circuit pharmaceutique. Cette mise devant le comptoir permettra une plus grande transparence sur les prix et favorisera le jeu de la concurrence entre les officines.
3. La logique du système français : sécurité et qualité
Le système français place la sécurité et le conseil en premier, dans un souci de santé publique. Comme l'a souligné le Président de la République à la suite du rapport Attali, le débat ne peut être réduit à une simple question de prix.
La vente des médicaments réservée aux pharmacies n'est pas un privilège :
• elle contribue à la sécurité des approvisionnements en médicaments, face au risque mondial des contrefaçons, qui atteignent maintenant plusieurs de nos voisins européens ;
• elle permet de maintenir un réseau de pharmacies équitablement réparties dans la France entière ;
• elle rémunère un véritable service public de santé, fiable et attentif aux personnes, quelle que soit leur situation.
« Véritablement, c'est une publicité mensongère », a affirmé Roselyne Bachelot le 8 avril sur I-Télé, en réaction à la publicité des Centres Leclerc affichant leur souhait de vendre des médicaments dans ses parapharmacies. Il y a tromperie du consommateur en promettant de vendre 25 % moins cher, ajoute la ministre remarquant que dans les expériences étrangères où cela a été tenté, « après 3 mois de baisse le prix des médicaments flambent quant ils sont dans les grandes surfaces ».
Dans le Quotidien du pharmacien, daté du 10 avril, Roselyne Bachelot confirme que cette campagne ne se destine pas, à terme, à vendre des médicaments, mais à valoriser sa marque.
« Cela relève d'une stratégie commerciale qui instrumentalise le médicament et le consommateur, au moyen de fausses informations ».
(D’après un article des Actualités Pharmaceutiques du 16 avril 2008)